mercredi 3 octobre 2012

Note sur l’héliogravure



Peter H. Emerson. The Old Order and the New. (1886). 4,6x9 cm. Héliogravure.


Au sens large, le terme héliogravure peut s'appliquer à n'importe quelle technique photographique d'estampage en creux, depuis les expériences de Niépce de la décennie 1820, jusqu'aux derniers systèmes digitaux de rotogravure. Cependant dans le domaine artistique, le terme s'applique généralement au procédé dénommé Talbot-Klíc, processus qui a culminé en 1879 au cours des recherches autour de la photo-reproduction en creux.

L'héliogravure est un procédé photo-chalcographique sur cuivre à partir du cliché positif qui utilise la gélatine bichromatée comme substance sensible et le chlorure ferrique comme mordant. La matrice qui génère l'image est structurellement identique à celle-là d'une aquatinte. Les variations de tonalité sont causées par les différentes profondeurs dans la matrice, résultant des quantités différentes d'encre utilisées dans l’estampe. Le résultat est une gamme complète de gris, avec de la lumière et de l'ombre parfaitement détaillés et des noir mat.

Le processus, d'une grande beauté, permet la transcription à l'image chalcographique de la photographie de ton continu, en incorporant à la gravure la gamme de gris photographique. Cette qualité s'harmonise parfaitement avec les méthodes de contrôle du ton du dénommé Système de Zones et lui donne la double condition de technique photographique et photomécanique.

Les répercussions historiques de l'héliogravure s'étendent au-delà de son usage comme technique de reproduction. Elles ont été décisives dans l'évolution de la photographie. L'utilisation de l'héliogravure par les photographes de toutes les époques - depuis les précurseurs du pictorialisme à la fin du XIXe siècle, jusqu'aux nombreux auteurs contemporains - lui octroie un statut spécifique parmi les procédés photographiques, au-delà des époques, des modes ou des mouvements concrets.

Dans la pratique artistique actuelle, l'héliogravure est la technique la plus appropriée pour obtenir des images photographiques de ton continu. Elle assure une qualité maximale en association avec les qualités graphiques, matériques et conceptuelles de la gravure chalcographique.

Paradoxalement, même s'il s’agit d’un procédé primitif, l’héliogravure est particulièrement performante pour la matérialisation de l'image numérique, en lui apportant l’empreinte photographique, des valeurs matériques et des qualités artisanales.

Le processus est également efficace pour la réalisation de gravures à l’aquatinte, à partir de dessins réalisés sur des supports translucides avec des aquarelles, des crayons, des marqueurs, etc.; avec des possibilités d’interventions ultérieures sur les plaques.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire